Culture – « L’effet Streisand »
Au début, je voulais rédiger un billet spécial sur « copwatch » et les pressions qu’il subit en ce moment. Non pas que je sois un fervent défenseur de ce genre de ce site, mais disons que la méthode employée pour l’interdire me choque profondément. Faire un billet sur copwatch ne me sied guère car il aurait surement été mal interprété. Car si je ne cautionne pas la façon dont ils agissent je la comprends ! Et ce pour plusieurs raisons que je n’ai pas trop envie d’expliquer.
Cependant une de ces raisons (que je donne en faveur de copwatch) rejoint un des sujets « Culture Web » que je voulais écrire depuis quelque temps déjà, à savoir « L’effet Barbara Streisand » .
Alors, pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ?
1) Historique
Mais commençons par le début. Barbara Streisand est née le 24 avril 1942 à New York. Elle est connue pour 3 choses :
- La première c’est sa filmographie (mais là, j’avoue je n’ai du voir aucun de ses films)
- La deuxième, c’est pour le ‘tube’ planétaire « Duck sauce«
- Et enfin, c’est qu’elle est à l’origine d’un phénomène propre au Net : « L’Effet Streisand«
Vous l’aurez compris, je ne vais pas trop parler de ses films ni des rares musiques qui lui sont consacrées. Non ! Je vais plutôt vous parler du 3ème point.
2) Les origines du mythe – la photo qui dérange et ses conséquences
En 2003, un photographe (Kenneth Adelman) prend en photo la maison de Barbara et la diffuse sur son site internet (http://www.pictopia.com).
Jusque là, tout le monde s’en fout, sauf Barbabra qui l’apprend on ne sait trop comment.
Et voilà qu’elle s’en offusque au point de demander le retrait de la dite photo (à une époque où google scanne la terre entière et permet via googlemaps de tout voir, enfin passons).
Note : On pourrait assimiler tout cela à une « bête » qui duplique ses cellules (données) dans un but de survie (un peu comme Cthulhu) !
Et voilà, le mal est fait. L’information inconnue du grand public fait le tour de la planète. Le pékin moyen sait que Barbara a tenté quelque chose d’impossible et par la même occasion elle donne son nom à cet effet !
3) Copwatch – thepiratebay – wikileaks – … et le Web 2.0
Outch ! Alors là, mettre ces 3 sites dans le même panier, on peut se dire que j’y vais fort (que c’est bon pour l’audience ou encore que je tente de faire venir le troll).
Bon, le point commun entre ces 3 sites, c’est qu’ils diffusent des données qui e*******t profondément certaines personnes / autorités et c’est pour cette raison que certains tentent de les ‘censurer’ en interdisant l’accès.
- Copwatch : révèle des violences policières et des données personnelles sur les policiers
- Thepiratebay : permet la diffusion d’oeuvres piratées à travers le monde
- Wikileaks : balance ouvertement des données confidentielles des états
Et pour ces 3 cas, les données concernées sont ‘illégales’ :
- Copwatch : contient des données personnelles non modifiables (ça la CNIL elle n’aime pas trop)
- Thepiratebay : partage des fichiers souvent illégaux pour cause de non respect du droit d’auteur
- Wikileaks : diffuse des informations ‘leakées’ (fuites) donc récupérées alors qu’on n’était pas trop censé faire parti des destinataires.
Dans ces 3 cas, les autorités ont tenté / tentent vainement d’interdire l’accès à ces sites mais c’est sans compter sur le « Web 2.0 » qui apprécie rarement ce genre d’agressions.
- Copwatch : des demandes émanant du ministère de l’intérieur tentent d’interdire l’accès au(x) site(s) liés à copwatch, et ce quelque soit le F.A.I. (même si le ministère de l’intérieur ne souhaite interdire l’accès qu’à une certaine partie du site – on peut se demander comment faire une telle chose ? ).
- Thepiratebay : En Belgique, les deux opérateurs belges doivent bloquer des URLs renvoyant au site des pirates !
- Wikileaks : suite aux révélations de l’année dernière, le site a été fermé durant un temps.
Et c’est alors que l’effet « Barbara Streisand » refait surface ! Résultat lolesques garantis…
- Copwatch : les vidéos sont dupliquées sur Youtube (et autres plateforme de vidéos en treaming) à vitesse grand V. Des sites miroirs apparaissent ici et là !
- Thepiratebay : le cas belge montre à quel point c’est illusoire de vouloir interdire. Il n’aura pas fallut attendre longtemps (seulement un jour) pour qu’un nouvel accès soit disponible en Belgique.
- Wikileaks : en l’espace de peu de temps, des adresses permettait d’accéder au site via des miroirs.
4) MAIS, MAIS, MAIS… POURQUOOOIII ?
Au fond, que l’on soit pour ou contre le contenu, là n’est pas la question. Car celle-ci (la question) est purement démagogique !
En effet, qui aujourd’hui peut être pour
- le flicage des policiers en donnant leurs adresses et numéros de téléphone de leurs domiciles ?
- les insultes, les injures gratuites ?
- le partage de fichiers sans que les auteurs soient rémunérés à juste titre ?
- le fait de dévoiler des données gouvernementales top-secrètes ?
Pour moi, interdire ces sites revient surtout à (tenter de) traiter les « conséquences » et non les causes !
- Dans le cas de copwatch : Est-ce normal que des policiers puissent agir impunément en étant hors la loi (j’entends par là que certains agents infiltrés avancent à visage couvert – interdit par LOPPSI !) ? Est-ce normal que certains abusent de leur droit en interdisant l’accès aux trottoirs parisiens ? … Et j’en passe comme le fichage des enfants dès la maternelle ! Le fait que le fichier ADN soit pour tous les délits …
- Pour thepiratebay : Est-il logique que tenter de récupérer ‘légalement’ des fichiers soit un vrai parcours du combattant ? Que les DRMs nous empêche d’utiliser le bien que l’on a acheté de façon normale ? …
- Et enfin, pour Wikileaks : Est-il normal que, suite aux attentats du 11/09, la population mondiale ait été dupée par des soit disantes armes de destructions massives inexistantes ? …
5) Une dangereuse dérive
Comme je viens de le dire, pour moi s’attaquer à ces sites revient à s’attaquer aux conséquences et non aux causes. Et il y a là une dangereuse dérive. En effet, il est plus simple d’interdire l’accès à ces sites que d’expliquer pourquoi ces mêmes sites existent et de soigner le mal par la racine. Et tel que le Web existe aujourd’hui, il sera facile de contourner de telles mesures.
En fait, pour moi il se cache derrière tout quelque chose d’encore plus vicieux et qu’Orange propose désormais à ces utilisateurs que leur opérateur analyse leur vie privée de façon anonyme (on en rigole encore). Il s’agit du D.P.I. ! Derrière cet acronyme barbare se cache « big brother » et il est tentant pour tous celles et ceux qui souhaitent contrôler et civiliser l’internet que ce type d’outils soit généralisé dans les foyers dans les années à venir.
Heureusement, il y a un nouvel espoir (StarWars référence inside) ! En effet, la cours européenne des droits de l’Homme interdit la vente d’armes technologiques aux dictatures !
Est-ce que cela suffira à calmer les velléités de certains ?
A suivre (surtout qu’on aura des éléments de réponses ce vendredi à 17 heures pour copwatch).
6) BONUS (maj)
Evidemment, je parle de Copwatch parce que c’est dans l’ère du temps. Mais si on trouve ses débuts sur le Net avec B. Streisand, il faut se dire que le nombre de cas identiques sont légions.
- F. Hollande et les pages sur la HADOPI
- B. Debré et son article sur DSK
- Un article du monde qui disparaît durant la nuit
- …
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En 1996 déjà, Le Docteur Gubler (médecin de F. Mitterrand) a publié un livre qui expliquait que le président savait depuis plusieurs années qu’il avait un cancer, mais le cachait en faisant publier (par Gubler) des bulletins de santé mensongers.
Le livre de Gubler a très rapidement été interdit, mais des copies électroniques (format ASCII) circulaient sous le manteau. Depuis les choses se sont amplifiées avec l’adoption massive d’Internet.
–Tristan