Culture Web – « La Neutralité du net »

Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas me lancer dans un référencement de tous les sites qui parlent de la « Net Neutralité », mais je m’en vais plutôt vous donner mon (petit) point de vue de simple internaute-blogueur  et tenter de vous expliquer les enjeux cachés derrière ce concept !

Comme je me plais à le dire : « C’est qu’il s’en passe des choses sur la toile ! » et si la populasse s’intéresse plus ces derniers temps aux derniers épisodes de notre non-présidentiable #DSK (c’est vrai qu’en moins d’un mois on en est déjà à la saison 4), on me demande souvent ce qui peut m’occuper aussi longtemps sur le Net.

Il doit bien y avoir une multitude de réponses possibles, mais celle qui me vient toujours en premier c’est la « liberté ».

Alors je profite de mes derniers instants de ‘liberté‘ [1] qui me sont offerts sur la toile pour vous en dire plus là dessus ! Car telles les Ombres du Mordor s’approchant, ce concept prend du plomb dans l’aile au fur et à mesure que les jours s’écoulent…

<[Source]

Préambule…

Avant tout, histoire que nous nous mettions d’accord sur le concept même de la « Neutralité du net », voici sa définition telle qu’on peut la trouver sur le site de Wikipédia :

La neutralité du Net exclut toute discrimination à l’égard de la source, de la destination ou du contenu de l’information transmise sur le réseau. Ainsi, ce principe garantit que les utilisateurs ne feront face à aucune gestion du trafic internet qui aurait pour effet de limiter leur accès aux applications et services distribués sur le réseau.

Un des premiers soucis soulevé par cette notion, c’est que les politiques n’utilisent pas la même définition que celle de la Wikipédia. Ceci s’explique surtout par le fait que nos élus (que ce soit au niveau national, européen, voir mondial) doivent voter des lois et que comme tout bon législateur, derrière un mot, derrière un concept, il doit y avoir une définition ! La justice n’aime pas le flou ! Qu’est ce que le « trafic » ? De quel « contenu » parle-t-on ? Qu’est ce que c’est qu’ « Internet » ? A partir de quoi peut-on juger qu’un accès soit « limité » ?

Tout de suite, on se rend compte qu’il faut ‘borner’ ces concepts pour mieux l’encadrer par des lois ! Un des meilleurs exemple en la matière, c’est la #HADOPI qui, en s’attaquant principalement au système Peer 2 Peer, a privilégié l’essor du Streaming face auquel, la Haute Autorité est impuissante !

Alors comment est-ce que notre élus ont défini ces concepts ! Pour cela il faut aller du côté du dernier rapport en date que l’on trouve sur le site de l’assemblée nationale. La première chose qui choque, c’est le fait que les mots commençant par « économ » soient présents 104 fois (dans un rapport de 76 pages en tout). Alors oui, ce rapport a été fait en partenariat avec le Comité des Affaires Économiques, mais il est amusant (si on peut dire) de voir que le concept de Neutralité du Net soit d’aussi près associé à l’Economie.

Bon, je ne suis pas né de la dernière pluie et je sais qu’aujourd’hui le monde est gouverné en grande partie par l’argent ! Mais je sais aussi qu’Internet est encore de nos jours une des rares places où nous sommes tous égaux. Certes, certains pays ont tendance à museler leurs opposants et je me félicite qu’en France ce ne soit pas encore le cas…

1) Historique et mathématiques

Internet a réellement débarqué dans nos foyers depuis le début des années 2000, depuis que nous sommes passés des forfaits limités (comme pour les téléphones portables) à une connexion permanente.

Dès lors que les branches de la toile ont réussi à s’infiltrer chez monsieur-tout-le-monde, elle n’a cessé de croître ! Si en 2001, nous avions moins d’un français sur 3 relié, il faut bien se rendre compte que 5 ans plus tard c’était plus d’un français sur 2 [2], à telle point qu’aujourd’hui il y a plus de 93% de connectés [3] !

Qui aurait pu prévoir qu’en l’espace d’une décennie la France allait effectuer un tel bond ? Jeter son bon vieux Minitel pour avoir l’ADSL…Passer d’une image statique qui s’affiche en Noir & Blanc et en 2 minutes à quelque chose de dynamique, d’instantanée et en couleurs ?

Mais accéder à Internet pour accéder à Internet en soit ça ne sert pas à grand chose. Ce qui est important c’est ce qu’on y trouve, ce qu’on y lit, ce qu’on y télécharge, ce qu’on y partage, ce qu’on y copie !

L’Homme avide de partage, a d’abord commencé par écrire des pages persos (l’ancêtre des actuels blogs). L’inconvénient c’est que nous ne sommes pas tous des adeptes des langages de programmation et il a fallut attendre quelques années pour que des sociétés développent des logiciels tout-en-un (les CMS).

Et c’est ainsi que petit à petit sont apparus :

  • les boutiques de e-commerce
  • les sites spécialisés (avec les forums phpBB)
  • les réseaux sociaux, sites de rencontres
  • les systèmes et plateformes de téléchargement
  • les serveurs de jeux

Résultat, les prévisionnistes estiment que d’ici 4 ans, nous consommerons 80,5 exaoctets par mois [4]. Dit comme ça, ça laisse songeur, mais amusons nous à rendre ce chiffre plus proche de nous.

1 exaoctet = 10 puissance 18
Si on considère que :

a) aujourd’hui un DVD c’est 800 Megaoctets (8 x 10 puissance 8), cela donnerait (environ, hein), 100 000 000 000  (cent milliards) de DVDs échangés par mois à travers le monde.
b) le monde compte 1,6 milliards d’internautes [5]

Alors on peut en déduire le trafic ‘consommé‘ par un internaute, soit : 62 DVDs par mois et par personne !

Etant donné qu’aujourd’hui, avec nos connexions, il est possible de télécharger l’équivalent d’un DVD en 5 minutes, qu’un mois est composé de 30 jours, soit 24 heures donc 12 périodes de 5 minutes (vous suivez ?), on arrive à un seuil potentiel de téléchargement de DVDs de 8640/mois, que l’on nommera notre ‘capacité‘ !

Alors diable, pourquoi est-ce que l’on nous parle d’engorgement alors qu’il y a un rapport de 720 entre notre consommation et notre capacité de téléchargement (62 Vs 8640) !?

Note : Il est important de noter que nous parlons bien d’Internaute et non de foyers connectés à Internet… On peut supposer qu’un foyer est composé de 3 internautes en moyenne, nous arrivons quand même à un rapport de 240.

La question que nous sommes alors en droit de nous poser c’est : « Pourquoi nous parle-t-on de réseaux surchargés ? »

2) La structure du réseau, son évolution et le trafic dans tout ça

Une autre clé qui gravite autour de la Neutralité du Net se situe au niveau de son architecture, donc de sa structure même et de la façon dont celle-ci a évolué au cours des dernières années.

a) Si l’on se penche du côté des infrastructures :

L’informatique a, depuis sa création, toujours évolué de la même façon. D’un côté vous avez une offre et de l’autre une demande (comme partout d’ailleurs). Mais la différence par rapport au « partout », c’est que tous les enjeux se situent dans :

  • le stockage et l’enregistrement des données
  • leur récupération et leur transit
  • et enfin, la restitution de dites données

L’évolution du réseau s’est faite au cours de ces années par cycle et a toujours été régie par la loi du plus faible. Résultat, si l’Internet passe toujours par des câbles téléphonique il a fallut changer quelques infrastructures et attendre la mise en place de répartiteurs de plus en plus performants afin de gérer les transferts de flux qui n’ont cessés de croître. Mais il existe deux sortes (pour vulgariser) de répartiteurs, ceux qui sont au bout de votre rue, positionnés aux emplacements stratégiques de votre ville et ceux beaucoup plus imposants placés à des endroits géostratégiques comme on peut le voir ci dessous.

Un exemple simple – pour appréhender cette notion de cycle et de limitation par le plus faible – consiste à se remémorer les évolutions successives entre les processeurs, les cartes mères et les écrans. La puissance des uns était limitée par les capacités des autres. Ainsi, nous pouvions avoir un processeur capable d’effectuer des millions de calculs, si la carte mère ne pouvait ‘en transporter’ que la moitié et la carte graphique capable d’en envoyer qu’un dixième, le meilleur écran du monde n’aurait jamais pu tout afficher en temps et en heure.

Ce qu’il faut savoir dans tout ça, c’est que ce sont des sociétés spécifiques (comme COGENT, OpenTransit, …) qui gèrent ces câbles. Les F.A.I. (fournisseurs d’accès à internet comme Orange, Free, Bouygues Telecom, …) ne sont qu’en bout de ligne !

[Source]

En fait, il faut s’imaginer qu’il s’agit d’un réseau d’autoroutes, connectées entre elles et gérées par plusieurs opérateurs (mondiaux) et qu’il existe des sorties pour les destinations locales (pour les F.A.I. nationaux).

b) Si l’on se penche du côté de l’évolution du réseau et du trafic :

Il s’agit là d’un énorme réseau de fibres optiques qui a été mis en place à travers le monde pour acheminer les paquets de données entre les demandeurs et les offreurs… Et quand on étudie cette carte, on se rend vite compte qu’il y a des points névralgiques, qui sont soumis à de fortes demandes de transfert et créant de facto « l’effet entonnoir » ! Un de ces points, par exemple,  se situe entre Bude (Angleterre) et Shirley (U.S.A.) : il s’agit du câble sous-marin Apollo.

Mais voilà, c’était sans compter sur l’évolution même du trafic. En effet, si les paquets de données concernaient autrefois des fichiers informatiques (qu’ils soient audios, vidéos ou textuels), on s’est retrouvé à y faire transité aussi ceux :

  • de la télévision (avec plus de 400 chaînes)
  • et de la téléphonie (avec accès gratuit sur plus de 100 destinations)

Et, alors qu’à l’origine nous avions 3 entrées distinctes (une pour la télévision via les ondes et au choix {l’internet ou la téléphonie} via les câbles téléphoniques) nous avons ‘simplifié’ tout cela en une seule et unique entrée. Un des points positifs dans tout ça c’est qu’il n’est plus nécessaire de couper son téléphone pour se brancher via son modem 56 k à la toile. Mais quand même, il faut bien se rendre compte que désormais ce sont 3 flux différents qui arrivent en même temps au même endroit.

Pour couronner le tout, on rajoute des kilos octets et des kilos octets de lignes de code inutiles que les développeurs ont mis dans les pages internet car ils ont perdu leurs anciennes habitudes de programmation propre…

Et c’est ainsi qu’on arrive à 80 exaoctets de données transférées à travers le monde !

c) Le marché des télécoms en France

Maintenant, intéressons-nous au marché même des F.A.I. Pour cela, nous allons prendre le cas de la France sur l’évolution du marché des internautes (qui peut être à mon avis exportable aux autres pays facilement).

Au commencement, nous avions le Minitel (je me vois encore consulter mes mails de LaPoste dessus), puis est arrivé le modem 56k avec son forfait d’heures où une page mettaient 5 minutes à être chargée et c’était une page à la fois (les onglets n’existaient pas).  C’était l’époque faste des multiples fournisseurs d’accès : cegetel, aol, orange, alice et je dois bien en oublier une quinzaine !

Mais les lois du marché sont impardonnables et comme dans Highlander : « il ne peut en rester qu’un ! » (enfin, presque, sinon risque de monopole et tout ce qui va avec). C’est alors qu’arrive sorti de nul part un nouveau F.A.I. : « Free » avec une offre gratuite où l’on ne paie que la téléphonie mais pas le ‘surf’, une sorte d’illimité avant l’heure : révolutionnaire. On payait toujours son obole à France Télécom, alors opérateur télécom unique en France, mais on ne payait QUE ça ! Autant dire que chez les concurrents, certains ont fait la gueule (et ce ne fut pas la dernière fois).

Sur ce coup, Free marqua les esprits ! Et bon nombre des premiers internautes français se souviennent de cette époque et ils ont attendu patiemment l’arrivée de Free pour les premières génération de « box internet » (d’ailleurs pratiquement 10 ans plus tard, nous retrouvons le même scénario avec la téléphonie mobile cela dit au passage). Ce sont ces box internet qui permettent d’avoir ce tout en un !

Mais voilà, nous sommes en 2011. Et comme je l’ai dit plus haut, plus de 93% de la population est relié chez lui à la toile, il n’y a plus de clients potentiels à aller chercher. Et comme chacun reste fidèle à son opérateur (comme on reste fidèle à sa banque) comme tout bon toutou bien élevé / feignant (rayez la mention inutile)… C’est très dur d’arriver à trouver de nouveaux clients. Il faut dire aussi qu’avec leurs contrats aux conditions générales de vente sur plus de 200 pages et aux conditions de résiliation abusément excessives, c’est assez compliqué. Et même quand l’état facilite les résiliation (en ajoutant une nouvelle taxe, comme ce fut le cas dernièrement avec la TVA à 19.6 sur la télévision par ADSL), rares sont les clients qui (1) étaient au courant et (2) ont osé changer de fournisseur.

Une des conséquence directe (et il ne faut pas être un économiste bac +7 pour le deviner), c’est que la courbe des bénéfices stagne. Les sociétés ont beau :

  • avoir délocalisé leurs hotline dans les pays du Maghreb,
  • avoir réorganisé en centralisant leurs services pour supprimer les postes en doublon
  • et pleins d’autres trucs pour économiser des sous que je ne sais pas parce que je ne suis pas dans le secret des Dieux

Cette courbe des bénéfices  commence de plus en plus à ressembler à celle d’une racine carrée…

Et ça c’est pas bon pour les stock-options et les dividendes ! Alors question : Comment rétribuer de plus en plus vos actionnaires si vous n’augmentez pas vos bénéfices (ça pourrait être au sujet du BAC ES de l’an prochain ça) ?!

3) L’état des réseaux aujourd’hui

Car c’est bien beau ce cours d’histoire, de mathématiques, de politique, d’économie, de technologie et de géographie, mais bon… Hein !? La #NetNeutrality dans tout ça !?

PATIENTE, j’y arrive… Mais avant, je vais vous parler de l’état du réseau aujourd’hui et donc un peu d’électronique.

 a) L’argument choc

Le réseau est surchargé !! Bon, il faut dire qu’on a tout mis dedans alors évidemment, il ne faut pas trop s’étonner à ce qu’il déborde.

b) De nouvelles solutions pour désengorger ?

A ce stade là de l’explication, il est amusant de noter l’hypocrisie de nos dirigeants et autres fournisseurs d’accès (internationaux ou nationaux) qui nous ont obligé à tout faire passer dans un câble RJ11 (câble téléphone) et qui se plaignent aujourd’hui de la saturation du réseau. Mais maintenant, qu’est ce qu’on fait ? Pour cela il y a deux solutions :

  1. on augmente les tuyaux, donc les capacités du réseau
  2. on diminue la consommation des internautes

Comme je l’ai dit, il n’y a plus de nouveaux clients à aller chercher, il faut faire du fric, donc exit l’investissement et au balais la solution (1). Les industriels et dirigeants partent plutôt vers la 2ème solution. Pour illustrer cela, je vais vous refaire le coup du flashback ! Souvenez-vous de ce qu’il s’est passé fin janvier 2011 entre Cogent et Orange [6].

Rappel des faits : Orange est accusé de brider le débit pour ses abonnés qui accèdent à des sites de streaming ou de téléchargement comme www.megaupload.com ! En effet, pour diffuser à travers le monde, megaupload a signer un contrat avec COGENT,  or COGENT et ORANGE sont en bisbille depuis quelque temps (entre autre parce que ORANGE préfère faire du commerce avec sa propre filiale OpenTransit). Or le téléchargement ‘mange’ de la bande passante (du débit), du moins c’est l’argument qu’avance ORANGE. ORANGE tente donc de négocier ses tarifs avec COGENT, le conflit s’éternise et ORANGE décide de brider l’accès à megaupload pour ses abonnés.

Bon, maintenant, vous voyez où je veux en venir ! Non, toujours pas ? Et pourtant…  En fait, ce qui se passe aujourd’hui autour de la Neutralité du Net c’est comme ce qui se passe à la SECU !

Pour mieux faire passer la pilule des Complémentaires de Santé Privés, dégradons volontairement la SECU, pointons du doigt son dysfonctionnement, ne faisons rien pour réparer / améliorer, mais au contraire proposons de nouvelles solutions payantes et fortement couteuses (remplacer « SECU » par « RESEAU INTERNET » et « Complémentaires santés privés » par « nouvelles offres de service » et regardez, c’est magique).

Maintenant, reprenons le cas de COGENT vs ORANGE. ORANGE bride l’accès à megaupload pour ses abonnés. Imaginons que demain, ils proposent une nouvelle offre Internet avec des options comme un accès premium à megaupload pour 2 € / mois supplémentaires ! Vous voyez l’arnaque ? Car oui, c’est dans les tuyaux ce genre de magouilles pas très jolies et bientôt, les options Internet deviendront aussi bordéliques que sont les frais bancaires…

4) Les enjeux de la Neutralité du Net

Si nous en revenons à nos définitions, la Commission explique qu’il est très dur de filtrer l’accès à Internet car contraire aux lois européennes :

[…] To impose “filtering” obligations upon Internet access providers appears incompatible with European law, specifically contravening the prohibition stipulated in article 12 of the Electronic Commerce Directive on imposing a general monitoring requirement on technical intermediaries […].

Dans le même temps, la Commission dit qu’un internaute doit avoir un accès correct et que celui ci peut être défini par sa « bande passante », son « temps de latence » et ses « taux d’erreurs ». Il s’agit là de la « Qualité de service » :

[…] The performance of an electronic communications network can be determined via the bandwidth (“size” of the pipe), latency (transmission delay from point of departure to destination), jitter (variation of this delay), the packet loss rate and error rate (no data transmission or transmission of erroneous data) […].

a) Les interrogations que ce rapport soulève (et quelques éléments de réponses)

Comme il ne s’agit là que d’un rapport et que l’on sait souvent où ceux ci terminent, il faut savoir raison garder. Mais ce qui se dessine c’est bel et bien la définition d’une « Qualité de service à l’Internet« . Et si vous avez : la télévision, la téléphonie, l’internet votre débit devra répondre à certains critères techniques.

Questions :

  • Quelles seront les valeurs de ces données techniques ?
  • Qui les donnera ?
  • Seront elles ré-évaluées (si oui, quand et comment) ?
Et surtout
  • Comment vont se comporter les opérateurs ?

En effet, si demain le débit répondant à la qualité de service minimale, est inférieur à celui que vous avez déjà chez vous, que fera votre F.A.I ? Est ce qu’il ne va pas tout simplement brider votre connexion ? Pour moi, il y a fort à parier qu’il le fera ! Pourquoi se priverait-il ?

b) Ce que nous ne voulons pas !

Il y a une dérive néfaste pour l’Internet dans ce rapport et dans le lobbying exercé par les Fournisseurs et que bon nombre d’acteurs du Net rejettent en bloc. Le réseau est libre et il doit le rester en tant que tel. L’accès à certains de ses services ne doit pas dépendre du bon vouloir d’un fournisseur (qu’il soit national ou international).

Aujourd’hui les associations parlent d’un futur Internet à deux vitesses, personnellement, je les trouve optimistes. Pour moi, je prédis que si nous continuons dans cette voie, vous aurez un abonnement de base répondant aux critères de Qualité tels que définis par la commission, vous permettant de vous connecter et de lire vos mails, mais qui bridera votre connexion dès lors que vous téléchargerez. Et pour le reste, vous aurez autant d’options que vous avez de chaînes télé ou de frais bancaires…

Et oui, du moment que ce que vous téléchargez n’excède pas la vitesse limite de download préconisée par on-ne-sait-qui !

Résultat, vous devrez payer plus cher pour avoir accès à des services non pas supplémentaires, mais améliorés. La novlangue a de beaux jours devant elle ! Aussi, vous pourrez, pour quelques euros supplémentaires, télécharger plus vite, avoir un meilleur débit sur les sites d’enchères…

…wait a second (attends une seconde)…

Et oui, qu’est ce qui empêchera un fournisseur d’accès de proposer un service amélioré pour les sites d’enchères afin d’être sur que la votre passe avant celle des autres ? Vous voyez le problème que cela soulève ?

Honnêtement, il serait possible de multiplier ces problèmes d’éthique à l’infini comme :

  • Que se passera-t-il si un nouveau site apparaît sur la toile ? Nouveaux tarifs ? Nouveaux forfaits ?
  • Une connexion premium pour accéder à vos comptes en ligne ?
  • Quel avenir pour spots WIFI ?

b) Le mal se tapie là où l’on veut du bien

Je ne crois pas que les membres de la Commission soient liberticides, mais comme le veut l’expression consacrée : « L’enfer est pavé de bonnes intentions ». Vouloir définir une qualité de service pour un Internet Neutre cache un méchant loup.

Il s’appelle : le D.P.I.

Concrètement, le D.P.I. c’est quoi, c’est la possibilité de scanner l’intégralité des données qui transitent sur le réseau, sur votre réseau ! En effet, comment votre opérateur qui vous offrira plusieurs services, déterminera que vous êtes bien sur le site d’enchère (ou sur celui de votre banque) pour lequel vous payez un abonnement spécifique ?

La réponse est dans la question : il scannera vos données. En somme, c’est la fin de toute votre vie privée. Toutes vos données, tous les sites que vous visiterez seront soumis au D.P.I. pour être sur que votre abonnement vous permette de bénéficier d’un accès plus rapide.

Conclusion

Tout d’abord, un grand bravo à toi d’être arrivé aussi loin dans ce billet. J’espère (et je suppose si tu me lis encore) que cet exposé t’auras intéressé. N’hésite pas à me laisser un commentaire comme ça, ça me motivera à continuer dans l’avenir à écrire d’aussi longs romans…

Maintenant, attaquons la conclusion de ce long sujet qu’est la Neutralité du Net. Le Web ne s’est pas créé par ces vautours qui aujourd’hui voyant leurs bénéfices stagner cherchent un moyen de nous faire payer plus. Ils me font penser aux constructeurs d’automobiles qui élaborent des moteurs aux consommations avoisinants les 8 litres aux 100 km/h pour que leurs copains pétroliers s’enrichissent.

Ces lobbyistes sont les graines du mal et ne cherchent pas à produire quelque chose. Finalement, si ce n’est les infrastructures, qu’est ce que les F.A.I. apportent à la toile ? Réponse : rien, nada, tchi, que dalle…

Car oui, sans les internautes leur modèle économique tombe à l’eau. Ce qui fait le Net, ce sont les internautes. C’est ce qu’on appelle le Web 2.0 ! Au final ils deviennent comme ces maisons de production qui insultent les acheteurs de DVDs avec leurs messages stupides et ridicules sur le piratage et le téléchargement. Et ils pensent pouvoir faire de même avec nos abonnements après avoir volontairement dégradé la qualité de leurs services.

Aujourd’hui plus que jamais l’Internet libre et neutre est en danger et il est urgent d’alerter la population des dangers qui la guettent : une attaque à son porte-monnaie et une autre sur notre vie privée !

Que faire ? Comment réagir ?

En faisant partager cet article et les liens associés (comme celui qui est tout en bas, le pdf).

En faisant un don à la Quadrature du net, une organisation française qui défend les droits des citoyens ! Ils en ont plus que besoin en ces périodes troubles !

En harcelant votre député !

Et surtout en continuant à vous informer sur ce sujet et en partageant vos connaissances à votre entourage…

Et si vous avez d’autres idées mettez les dans les commentaires !

[1] Bon ok, j’y vais peut être un peu fort, mais bon des fois je me dis que non…
[2] source : http://www.journaldunet.com/cc/02_equipement/equip_pc_fr.shtml
[3] source : http://www.iabfrance.com/?go=edito&eid=365
[4] source : http://immobilier-finance-gestion.over-blog.com/article-le-trafic-internet-dans-le-monde-d-ici-a-2015-75475285.html
[5] source : http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/nombre-internautes-monde.shtml
[6] source : http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/cogent-un-geant-du-net-accuse-orange-d-abus-de-position-dominante-en-france-20-01-2011-130407_47.php
[Autre] source : http://walkyr.fr/wp-content/uploads/2011/07/net_neutrality.pdf

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